Le développement de Saint-Eustache:
5. La côte du Lac
par Marc-Gabriel Vallières
Article publié dans L'Éveil, le 12 juillet 2003, page 12.
Le cinquième et dernier secteur de la pa- roisse de Saint-Eustache à être développé dans les années 1700 est la côte du Lac, correspondant aux terres situées de part et d'autre du chemin d'Oka, dans les actuelles municipalités de Sainte-Marthe-sur-le-Lac et de Deux-Montagnes, ainsi que de part et d'autre de la rue Saint-Louis, dans le village de Saint-Eustache.
C'est en 1741, soit au tout début du développement de la seigneurie, que les deux premières terres sont concédées. Le 20 juin, une première est allouée à Joseph Forget. Cette terre correspond aujourd'hui à tous les lots situés du côté Est de la rue Féré, entre la rivière des Mille Îles et le pont de la rivière du Chêne allant, vers le village, jusqu'à la petite rue Saint-Denis. Elle sera plus tard occupée par la famille Féré. Le lendemain, soit le 21 juin, la terre située du côté Ouest de la même rue Féré est concédée à Pierre Collin. Dans les années 1830, cette terre deviendra celle du patriote Jean-Olivier Chénier. Ces deux premières terres demeureront en culture jusqu'au XXe siècle, alors qu'elles seront loties pour être intégrées au village de Saint-Eustache.
En 1756, la terre située au nord-est de celle de Joseph Forget est concédée à Pierre Paradis. Cette terre comprend aujourd'hui le cimetière de Saint-Eustache ainsi que les terrains situés de part et d'autre des rues Chénier et Saint-Louis, entre la rue Saint-Denis et la rivière du Chêne.
Durant les années 1760 à 1762, de nombreuses terres sont concédées vers l'Ouest, menant la limite de la zone cultivée à peu près jusqu'à l'actuelle voie ferrée du Cana- dien National, à Deux-Montagnes. Les trois premières terres, jusqu'à la 5e Avenue, iront à Jean-Marie Desforges dit Saint-Maurice, Jacques Levert et Jacques Dubois. La terre de Jean-Marie Desforges deviendra au XXe siècle le Club de golf de Saint-Eustache, dont le chalet abrite aujourd'hui le Centre communautaire de Deux-Montagnes. D'autres terres iront à Joseph Ménard, Toussaint Piot dit Larose, Guillaume Godmer ainsi qu'à Paul Mondoux.
Une partie du territoire de la côte du Lac n'est pas concédée pour l'agriculture. Le seigneur Dumont se conserve en effet un domaine autour de l'embouchure du lac des Deux Montagnes où il se fait construire un moulin. Ce moulin donnera son nom à tout ce secteur de Deux-Montagnes, qui est encore aujourd'hui connu comme le «Grand-Moulin». On ne sait toujours pas exactement quand le moulin a été construit. En 1790 cependant, alors que Charles-André Spénard achète l'île située au milieu de la rivière, le moulin existe déjà.
Jusque vers l'année 1800, des terres continuent à être concédées jusqu'aux limites de la seigneurie, correspondant aujourd'hui aux municipalités de Saint-Joseph-du-Lac et de Pointe-Calumet. Le territoire de Sainte-Marthe-sur-le-Lac et de Deux-Montagnes est ainsi presque entièrement mis en culture avant cette date. Il ne s'agit cependant pas d'un terrain facile, puisque la partie située entre le chemin d'Oka et la rivière des Mille Îles est alors constituée de terres basses, en grande partie inondées tous les printemps. Après 1800, la dernière portion non concédée, soit le domaine du Grand-Moulin, est réduite en superficie et quelques terres y sont concédées.
De nombreuses familles vont habiter la côte du Lac durant deux siècles. Outre les Desforges dit Saint-Maurice que nous avons mentionnés, on retrouve aussi les Janvry dit Bélair, les Berthelet dit Savoyard, les Dumoulin dit Lagirofflée et les Casal dit Giraldeau ainsi que de nombreuses autres familles. Plusieurs retrouveront dans ces noms quelques-uns de leurs ancêtres!