Le développement de Saint-Eustache:
4. Le Chicot
par Marc-Gabriel Vallières
Article publié dans L'Éveil, le 14 juin 2003, page 12.
Les terres situées de part et d'autre de la rivière du Chicot ont été développées sur une plus longue période que celles situées à la rivière du Chêne. Alors que les terres des chemins Rivière-Nord et Rivière-Sud ont presque toutes été concédées sur une période de vingt-cinq ans à partir de la fin des années 1750, il va falloir attendre plus de quarante ans pour que les terres du Chicot soient à peu près toutes occupées.
Très peu de terres sont concédées au Chicot dans les années 1750. On y retrouve alors François et Augustin Forgette, Eustache Brunet, Antoine Masson, Joseph Masson, fils de Pierre, ainsi que Pierre Anthoine dit Laviolette.
Ce Pierre Anthoine dit Laviolette, était, au moment de l'acquisition de sa terre en 1758, tambour-major dans le régiment de La Sarre, alors stationné à Repentigny. Il obtient en 1759 la permission de se marier et il épouse Clémence Comparet à Pointe-aux-Trembles. Ils ne s'établiront cependant pas sur la terre de Saint-Eustache, préférant s'installer à Boucherville où Pierre devient marchand et capitaine de milice. Après le décès de Clémence, il épouse Charlotte Lenoir à Boucherville, en 1787. Nous nous attardons sur eux car leur fils Pierre Laviolette, né en 1794, va revenir à Saint-Eustache pour y épouser Elmire Dumont, héritière d'une partie de la seigneurie. C'est ainsi que Pierre Laviolette fils deviendra coseigneur des Mille-Îles.
Revenons à notre Chicot! C'est surtout en 1761 et 1762 que de nombreuses terres sont concédées au Nord et au Sud, de ce cours d'eau. En 1761, on retrouve Philippe Robert, dit Fache, Jean-Baptiste Neveu, Louis Proulx. et François Godin. Entre février et août 1762, on voit s'y installer Toussaint Parent, Louis Charles fils, Pierre Masson père, Jacques Godin, François Côté, Antoine Ribou, dit Locas, Pierre Forget ainsi que Pierre et Charles Payette. On retrouve aussi un ancien sergent du régiment de La Sarre et compagnon de Pierre Anthoine dit Laviolette: Joseph Mercier dit Sansregret.
À part Mercier, tous les autres patronymes se sont perpétués tout au long de l'histoire de Saint-Eustache et on retrouve aujourd'hui dans la région de nombreux descendants de ces premiers arrivants du Chicot.
La suite des concessions, des deux côtés de la rivière du Chicot, va tarder à se compléter durant de nombreuses années. La cause la plus probable est l'inexistence des chemins à cette époque. N'oublions pas que ce n'est qu'en 1790 que le chemin de la Grande-Côte va être ouvert sur toute sa longueur et qu'un pont va être construit pour y enjamber la rivière du Chicot. Comme ce Chicot est trop étroit pour être navigable, il n'y a donc pas de communication possible avec le haut des concessions, et ce n'est que lorsque le chemin sera ouvert que le développement des terres pourra se poursuivre.
Quelques terres sont allouées à la fin des années 1770 et au début des années 1780, notamment à Michel Charpentier, Thomas Brunet et Jean-Baptiste Charron. Ce n'est cependant qu'entre 1790 et 1800 que toutes les terres pourront être développées jusqu'au Petit-Chicot. On retrouve alors des familles qui sont déjà présentes dans les anciennes concessions de la Grande-Côte et du début du Chicot, comme celles de François Delage, Antoine Ribout dit Locas père, Alexis Godin, ainsi que Philippe et Joseph Robert. De nouveaux noms font aussi leur apparition, comme Joseph Bougie, Jean-Baptiste Darragon, Christophe, Pierre et Joseph Danis, Jean-Baptiste Bleau fils, Eustache Libersan et François Gravel. Vers l'année 1800, le peuplement du Chicot est finalement complété. Prochaine chronique: les premières familles de la Côte du Lac.