26. La maison Basile Sauvé dit Laplante

à Saint-Eustache (Rivière-Sud)

par Marc-Gabriel Vallières
Article publié dans L'Éveil, le 16 juin 2001.


La maison Basile Sauvé dit Laplante au 714, chemin Rivière-Sud
(photo MGV, 1995)

La maison dont il est ici question, située au 714 du chemin Rivière-Sud, est maintenant habitée par un personnage bien connu sur la scène municipale et agricole de Saint-Eustache. Si on remonte cependant à son origine, on découvre qu'elle a été construite en 1845 par un cultivateur du nom de Basile Sauvé dit Laplante.

L'histoire commence en fait, non pas sur cette terre, numéro 252 au cadastre, mais bien sur sa voisine à l'est, numéro 253. C'est à la fin du régime français, en 1755, que cette dernière terre est concédée à un habitant de Sainte-Geneviève, François Lauzon. Fils de François-Marie Lauzon et de Marie-Françoise Lacombe, il épouse une première fois Geneviève Villeray en 1761 dans sa paroisse d'origine, Sainte-Geneviève. Devenu veuf très tôt, il épouse en 1765 Agathe Éthier à la paroisse de Terrebonne.

Sur sa première terre, il se fait construire une maison de pierre et une laiterie, aussi en pierre. Il ne s'agit cependant pas de la maison actuelle. Cette première terre n'ayant que 20 arpents de profond, il se fait concéder une continuation de 20 autres arpents au bout de sa terre en 1779. Avant l'année 1800, il acquiert deux autres terres au sud de la rivière du Chêne, dont la terre 252 qui nous intéresse, voisine de sa première terre vers l'ouest.

En 1819, François Lauzon et son épouse Agathe Éthier font donation des deux terres contiguës à Jean-Baptiste Sauvé. Pendant vingt-cinq ans, c'est lui qui va opérer l'exploitation agricole sur les six arpents de terre de front. La terre la plus à l'est, qui contient une maison de pierre et une laiterie est ensuite cédée à son fils Jean-Baptiste, alors que la terre la plus à l'ouest est acquise par son autre fils Basile. Au moment du transfert de propriété en 1845, il est mentionné au contrat que Basile Sauvé est en train de se construire une maison de pierre sur sa nouvelle terre. C'est la maison que nous connaissons aujourd'hui, au 714 du chemin Rivière-Sud.

Basile Sauvé conserve la terre 252 et la maison pendant près de trente ans. En 1873, avec son épouse Adeline Baulne, il en fait don à Paul-Arthur Rodier. Le contrat de donation mentionne qu'outre la terre et la maison de pierre, Rodier obtient trois chevaux, cinq vaches, deux taures, six brebis, une charrue de fer, une herse double à dents de fer, deux grandes charrettes dont une ayant des roues ferrées, un moulin à battre le grain, et de nombreux autres instruments.

En contrepartie de ce don, Rodier devra faire vivre les donateurs qui se réservent la juste moitié sud-ouest de la maison. Curieusement, il est mentionné que si Basile Sauvé devait décéder, son épouse n'aurait plus droit qu'au quart de la maison. Pourtant, il semble que si c'est elle qui devait décéder, il conserverait toujours la moitié de la maison... Le contrat stipule que les Sauvé pourront aussi continuer à traire une des vaches et s'en réserver le lait, et ils pourront utiliser un cheval attelé aussi souvent qu'ils le désireront.

Les époux Sauvé s'éteindront dans la maison et Paul-Arthur Rodier revendra la terre en 1896. La maison est aujourd'hui habitée par monsieur Daniel Goyer, conseiller municipal de Saint-Eustache.