22. La maison Séraphin-Bélisle
à Saint-Eustache
par Marc-Gabriel Vallières
Article publié dans L'Éveil, le 3 mars 2001.
À gauche, la maison Séraphin-Bélisle au 284, rue Saint-Eustache (photo MGV)
L'histoire de la maison située au 284 de la rue Saint-Eustache, la maison Séraphin-Bélisle, est intimement liée à celle de sa voisine portant le numéro 290, la maison du meunier. Les deux maisons étaient jadis situées sur le même terrain et avaient donc, jusqu'en 1884, le même propriétaire.
Dans la chronique numéro 10 sur la maison du meunier, au mois de mai dernier, nous avons raconté comment ce terrain, concédé en 1792, a été occupé d'abord par le marchand John Chesser de 1798 à 1810, puis par le tanneur Georges Phillips, jusqu'en 1855. On croit que la résidence du tanneur et de son épouse, Marie Prudhomme, était située à l'extrémité nord-est du terrain, là où se trouve aujourd'hui la maison sise au 278 de la rue Saint-Eustache, alors que la tannerie était située au bord de la rivière.
Lorsque le tanneur se retire des affaires, en 1855, il vend la partie du terrain correspondant aujourd'hui à la maison Séraphin-Bélisle et à la maison du meunier au meunier Charles Bouchard. Après que le terrain soit passé, en quelques années, entre les mains de Joseph Meilleur puis de Joseph Dorion, c'est Séraphin Goyer dit Bélisle qui achète le lot en 1860. C'est lui qui va construire les deux maisons avant de les revendre séparément: d'abord la maison du meunier en 1884 à Marie-Desanges Enrichon, puis son autre résidence l'année suivante à Hector Champagne, alors étudiant en droit.
Mais qui était Séraphin Bélisle? Il est né le 6 novembre 1839 à Saint-Eustache, fils de Toussaint Goyer dit Bélisle et d'Arthémise Rochon, et a été baptisé le lendemain à l'église paroissiale. Toussaint Bélisle, de même que plus tard son autre fils, David, tenait une boutique de boulangerie juste en face de l'actuelle maison Séraphin-Bélisle. Cette boulangerie a d'ailleurs récemment repris ses opérations, au grand bonheur des Eustachois.
Le 24 octobre 1866, soit six ans après avoir acheté le terrain situé en face de la boulangerie de son père, Séraphin Bélisle épouse Éléonore Savard à l'église de Saint-Eustache. Celle-ci était la fille de Gilbert Savard, cultivateur dans le Chicot-Nord, et de Marie-Anne Lanthier.
Le couple aura plusieurs enfants, dont cinq se marieront à Saint-Eustache:
- Léopold, qui épouse Laure Bélisle en 1900;
- Marie-Laure, qui épouse Adélard Legault en 1903;
- Philomène, qui épouse Osias Mallette en 1904;
- Alphonse, qui épouse Clémentine Gagnon en 1905;
- Virginie, qui épouse Damien Landry en 1913.
Séraphin exerce presque toute sa vie le métier de voiturier. Ce terme pouvait avoir deux sens différents dans les années 1800. Il pouvait s'appliquer à celui, aussi appelé charron, qui construisait des véhicules à cheval, ou encore à celui qui effectuait le transport des marchandises avec une voiture (nous dirions aujourd'hui «camionneur»). Nous n'avons cependant pas d'indication qu'il y ait eu une fabrique de voitures sur ce terrain.
Séraphin Bélisle décède le 17 novembre 1915, à l'âge de 76 ans, et est inhumé dans le cimetière de Saint-Eustache trois jours plus tard. Son épouse, Éléonore Savard, lui survivra encore quelque temps.
La petite maison de la rue Saint-Eustache a eu, tout au long du XXe siècle, de nombreux propriétaires. La date exacte de sa construction nous est inconnue, de même que pour sa voisine, la maison du meunier. Par le style de son toit, on ne peut que supposer qu'elle est moins ancienne que la maison du meunier. Il est donc probable que Séraphin Bélisle et sa famille auront habité tour à tour les deux maisons, au cours de leur longue présence rue Saint-Eustache.