23. Le magasin Plessis-Bélair
à Saint-Eustache

par Marc-Gabriel Vallières
Article publié dans L'Éveil, le 7 avril 2001.

Il y a un peu plus d'un an, nous avons parlé de la résidence du marchand Daniel-Adolphe Plessis-Bélair, au 163 de la rue Saint-Eustache. Nous relatons aujourd'hui l'histoire du magasin de ce même marchand au 143 Saint-Eustache, au coin de la rue Dorion. Plusieurs se souviennent surtout de celui qui a opéré ce magasin-général pendant plus de quarante ans, monsieur Ernest Lahaie.

C'est en juin 1791 que le terrain a été concédé à Nicolas-Benjamin Mailloux, le nouveau curé de Saint-Eustache. Avant d'arriver ici comme curé en 1790, messire Mailloux avait été curé de la paroisse de Trois-Rivières. Un an plus tard, soit en septembre 1792, il fait don du terrain à son frère Laurent-Benjamin, lors de son contrat de mariage avec Marguerite Amesse. Laurent-Benjamin Mailloux s'y établit comme forgeron et y construit une maison de bois de 25 pieds sur 22 ainsi qu'une boutique de forge à l'arrière. Un an plus tard, en août 1793, il revend le terrain et la maison au menuisier Hyacinthe Leclaire. La boutique de forge ne devait pas avoir été construite très solidement, puisque le contrat de vente en parle comme d'une «vieille boutique en bois»! Chose curieuse, le vendeur se réserve le droit, dans le contrat, de revenir au printemps pour enlever les pierres de la cheminée ainsi que les châssis de la boutique.

En 1802, Leclaire revend le site à Jean-Baptiste Beautron dit Major, qui le cède en 1819 au marchand Charles Dorion. Celui-ci est le premier marchand à s'installer dans ce lieu. En 1820, il signe un marché de construction avec le maçon François Berthelet, pour faire ériger trois petits bâtiments de pierre, à l'arrière du terrain, pour servir d'entrepôts à son commerce. Il est probable que la section de pierre, sur la rue Dorion, est une de ces trois dépendances. Si tel est le cas, il s'agirait là d'un des plus anciens bâtiments du Vieux Saint-Eustache, avec la maison de William Smith (au 196, rue Saint-Eustache) et la partie Ouest de la maison Gratton-Chesser (au 338, rue Saint-Eustache). Charles Dorion n'occupe pas son nouveau magasin très longtemps. Il le cède en mai 1824 à Joseph Paiement dit Larivière.


Le magasin Plessis-Bélair au 143, rue Saint-Eustache
(extrait d'une carte postale de P.-F. Pinsonneault, 1905)

Lorsque Daniel-Adolphe Plessis-Bélair vient s'établir à Saint-Eustache, venant de Sainte-Rose, il acquiert le site. En 1877, il s'associe à Charles-Auguste-Maximillien Globensky pour effectuer, à partir de son magasin-général, le commerce du grain et de la farine. Seule condition au contrat, le public devra ignorer que Globensky est associé au commerce! C'est Plessis-Bélair qui fait construire le magasin en briques, sur la rue Saint-Eustache, vers 1880. Il est probable que les briques proviennent d'une manufacture tenue par la famille Bricault dit Lamarche à la Fresnière. C'est au même moment qu'il se fait aussi construire une résidence néo-gothique, l'actuel restaurant Le Biniou.

Devenu malade, Plessis-Bélair fait son testament en novembre 1889, et décède en 1891. Son épouse vend le magasin en juin 1897 à Ernest Lahaie, qui va l'opérer jusqu'à son décès en 1939. Ses héritiers revendent l'immeuble en 1976 à monsieur Jean-Claude Langlois à qui il appartient toujours. La boutique Jeanne Audet et le café Clé de Sol occupent maintenant le lieu.