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Nom : | La maison de Jean-Joseph Girouard |
Adresse : | 3905, rue Saint-Jean-Baptiste Mirabel (Saint-Benoît) |
Cadastre (1877) : | Lot 303, cadastre de Saint-Benoît |
Cadastre (2000) : | Lot 1 555 658, cadastre du Québec |
Date(s) de construction : | 1840 |
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Historique de l'immeuble
Le 12 avril 1819, le notaire Girouard conclut un marché avec les entrepreneurs André-Charles Amringher et Joseph Mallette, tous deux de Saint-Eustache. Ceux-ci devront d'abord construire un solage en pierre de trente-six pieds sur trente, pour une cave de cinq pieds et demi de haut. Puis ils érigeront une maison à un étage en pièces sur pièces de douze pieds de haut, surmontée d'un comble recouvert de bardeaux de cèdre.
Émilie Berthelot, qui va devenir plus tard la seconde épouse du notaire, visite cette maison en 1824 et en 1829 et elle en fait le récit dans son journal. Elle mentionne que les fondations de la maison de 1819 sont les mêmes que celles de la maison reconstruite en 1839 et qui existe toujours. Elle dit aussi que le plancher de la maison était presque au niveau de la rue, «de plein pied avec le chemin du roi» et qu'un «perron couvert, sur des colonnes, peint en blanc, ornait le devant de la maison».
En 1821, les combles sont aménagés pour recevoir la mère et la soeur du notaire. Celles-ci habitaient auparavant le presbytère de Saint-Eustache, avec le curé Gatien. à la mort de ce dernier, elles doivent quitter le presbytère. En 1830, toujours selon Émilie Berthelot, une allonge est construite à l'arrière, du côté de la rue Sainte-Madeleine. En 1833, Augustin-Norbert Morin vient habiter une des chambres du grenier pour travailler à terminer la rédaction de l'Histoire du Canada qu'avait commencée le docteur Jacques Labrie.
Au lendemain de la bataille de Saint-Eustache, le général John Colborne et ses troupes quittent les ruines du village de Saint-Eustache pour marcher vers Saint-Benoît. Arrivé au village de Saint-Benoît dans la journée du 15 décembre, Colborne loge pour la nuit dans la maison du notaire Girouard. Le curé Paquin, de Saint-Eustache, raconte : «Toutes ces troupes se logèrent dans le village. Sir John prit pour logement la maison de J.J. Girouard, M.P.P. Dans la soirée et la nuit on arrêta diverses personnes qui s'étaient cachées aux environs du village et qui furent mises sous garde.» Le lendemain, Colborne donne ordre de brûler, après son départ, les maisons des chefs patriotes. Selon l'abbé Paquin, «les maisons désignées étaient celles de MM. Girouard, Dumouchelle et Masson».
Le 24 février 1839, le notaire Girouard conclut un marché avec Joseph Clairoux, «scieur de long», pour lui couper le bois nécessaire à la construction d'une maison de trente-six pieds sur trente, mais cette fois-ci à deux étages, en plus des combles. Le scieur doit prévoir la quantité de bois nécessaire à la construction d'une écurie de seize pieds sur trente et de dix pieds de haut, ainsi que d'une clôture, autour du terrain. Le bois de la maison doit être livré le premier jour d'avril 1839, alors que les matériaux pour l'écurie et la clôture doivent être disponibles au 15 de juin. Selon Émilie Berthelot, les trois cheminées et les fondations de la maison de 1839 sont celles de la maison de 1819.
En avril 1843, un bâtiment de bois de 50 pieds sur 15 est construit derrière la maison pour servir de dépense, de remise à bois, de fenil et de colombier. Trois ans plus tard, soit en avril 1846, une grange en bois de 50 pieds sur 15 pieds y est ajoutée.
Après la mort de Jean-Joseph Girouard, sa seconde épouse Émilie Berthelot convient d'un arrangement avec ses fils Joseph, notaire comme son père, et Jean, médecin à Saint-Philippe d'Argenteuil. C'est le notaire Joseph qui va occuper la maison et y continuer l'oeuvre de son père pendant trente-cinq ans. Lors de sa retraite en 1915, le notaire Joseph donne la maison de Saint-Benoît à son fils Joseph-Lionel, notaire comme ses père et grand-père. Le notaire Joseph-Lionel Girouard n'habite cependant pas Saint-Benoît mais Outremont. En 1928, il rétrocède la maison de Saint-Benoît à son père Joseph, qui la donne en 1931 à sa petite-fille Jeanne Girouard, épouse de J.-A. Décarie. Le notaire Joseph meurt en 1933. C'est finalement en 1943 que la maison quitte définitivement la famille Girouard.
– Texte adapté de Saint-Benoît au temps des Patriotes par Marc-Gabriel Vallières.
Références
- --, Le tour du village, Saint-Benoît de Mirabel, Mirabel, Comité des 200 ans de Saint-Benoît, 1999, pages 19-20.
- Baillargé, Georges-Frédéric, «1795-1855 Jean-Joseph Girouard [...]», dans Esquisses biographiques, fascicule no 6, Joliette, Bureaux de Bon Combat du couvent et de la famille, 1893, 227 pages.
- Berthelot, Émilie, «La maison blanche», dans Rapport des Archives nationales du Québec, vol. 53, 1975, pages 72-73.
- Boileau, Gilles, Mirabel en histoires, Sillery, Éditions du Septentrion, 2009, pages 111-115.
- Chassé, Béatrice, «Jean-Joseph Girouard», dans Dictionnaire biographique du Canada, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1985, volume VIII, pages 366-370.
- Commission des biens culturels, Les chemins de la mémoire, Québec, Les Publications du Québec, 1991, page 410.
- Lemire, Jonathan, Portraits de patriotes 1837-1838, Montréal, VLB éditeur, 2012.
- Noppen, Luc, «La maison Girouard de Saint-Benoît», dans La Presse, Montréal, 16 décembre 1995, page H-12.
- Roy, Pierre-Georges, Vieux manoirs, vieilles maisons, Québec, Louis-A. Proulx, 1927, page 35.
- St-Jacques, Gaston, «La maison blanche», dans Saint-Benoît et son histoire, vol. 1, no 1, automne 1995, Comité des 200 ans de Saint-Benoît, page 4.
- Service d'Aménagement du Territoire de la Région Aéroportuaire (SATRA), Inventaire des bâtiments anciens, zone 28, Village de Saint-Benoît, cahier 1, Histart, 1971.
- Vallières, Marc-Gabriel, «Saint-Benoît au temps des Patriotes», dans La Revue des Deux-Montagnes, numéro 8, octobre 1997, pages 5 à 27.
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