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Historique de l'immeuble
Cet emplacement est concédé en 1778 au marchand Dominique Debartzch. À partir de 1799, le potier Nicolas Tourangeau y établit son atelier qui est continué, après sa mort, par ses deux fils, Nicolas et Édouard. Des fouilles archéologiques, réalisées en 1977, ont mis cette activité en lumière.
Le terrain est acquis en 1879 par Daniel-Adolphe Plessis-Bélair. Daniel-Adolphe est de la cinquième génération de Plessis-Bélair de ce côté-ci de l'Atlantique. Né à Sainte-Rose en 1826, il épouse d'abord Julie-Emérance Féré à Saint-Eustache, en 1852. Celle-ci était la fille de l'arpenteur Emery Féré.
Établis comme marchands à Saint-Eustache depuis de nombreuses années, les Plessis-Bélair décident de se faire construire une nouvelle demeure, à proximité de leur commerce. Leur boutique était située à l'intersection des rues Saint-Eustache et Dorion et est mieux connue aujourd'hui sous le nom d'un propriétaire ultérieur, Ernest Lahaie. Ils acquièrent donc à l'été 1879 une petite maison de bois située rue Saint-Eustache des mains du huissier Joseph Dorion, qui la détenait depuis 35 ans. Après avoir démoli la maison de bois, ils se font construire une nouvelle résidence de brique.
Afin d'avoir une demeure de prestige, Daniel-Adolphe récupère les plans qu'avaient réalisés le grand architecte Victor Bourgeau et son associé Jean-Baptiste Bourgeois pour un habitant de Sainte-Thérèse, Emery Filion. Un marché de construction est donc signé le 30 août 1880 avec un entrepreneur de Sainte-Thérèse, Benjamin Deslauriers.
Victor Bourgeau est connu surtout par son chef-d'oeuvre, l'Hôtel-Dieu, construit de 1859 à 1861 sur l'avenue des Pins. Il a aussi réalisé ou participé à la conception d'autres édifices prestigieux de Montréal: l'église Saint-Pierre-Apôtre, les entrepôts du Vieux-Montréal, appelés Cours Le Royer, la maison-mère des Soeurs Grises et la cathédrale Marie-Reine-du-Monde. C'est aussi lui qui a conçu l'intérieur de l'église Notre-Dame de Montréal, dans les années 1870, et qui a reconstruit l'église Saint-Jacques, après l'incendie de 1858.
La maison de style néogothique qui est érigée sur la Grand'Rue est aujourd'hui occupée par un restaurant . Il est probable que la brique qui a servi à sa construction provienne de la fabrique de la famille Bricault dit Lamarche, sur le chemin Rivière-Sud. Daniel-Adolphe Plessis-Bélair habite ensuite sa maison jusqu'à sa mort, survenue en 1891. Son fils Alphonse va lui aussi façonner le paysage de Saint-Eustache en se faisant construire une vaste résidence rue Saint-Louis. Il ne reste malheureusement de cette dernière que le toit d'une tourelle, sur l'édifice aujourd'hui connu comme la Place Bélair.
Au début du XXe siècle, la maison est occupée par l'étude et la résidence du notaire Georges-Nicolas Fauteux. Dans les années 1980, le restaurant La Channe suisse s'y est installé. La maison abrite aujourd'hui le restaurant La Géraldine.
Références
- Bilodeau, Benoît, «Le restaurant Le Géraldine est récompensé par un prix spécial», dans L'Éveil, 22 décembre 2023.
- Boileau, Gilles, «Le décès de Daniel-Adolphe Plessis-Bélair», dans L'Éveil, 4 avril 1984, page 10A.
- Boileau, Gilles, «Les funérailles du marchand Plessis-Bélair», dans L'Éveil, 11 avril 1984, page 10A.
- Boileau, Gilles, «Adolphe Plessis-Bélair, marchand de la grand'rue», dans La Concorde, 20 octobre 1993, page 10.
- Boileau, Gilles, «Plessis-Bélair: un des premiers commerçants de la grand'rue», dans L'Éveil, 24 octobre 1993, page 10.
- Boileau, Gilles, «Les funérailles grandioses de D.-A. Plessis-Bélair», dans La Concorde, 27 octobre 1993, page 10.
- Grignon, Claude-H. et André Giroux, Le circuit historique du vieux Saint-Eustache, Saint-Eustache, Ville de Saint-Eustache, 1989, pages 21-22.
- Huard, Thérèse, «C'est une opinion», dans La Concorde, 16 août 1977. Sur les fouilles archéologiques de l'atelier des potiers Tourangeau.
- Vallières, Marc-Gabriel, «Victor Bourgeau à Saint-Eustache», dans Le bulletin d'Héritage-Saint-Eustache, no 2, février 1994.
- Vallières, Marc-Gabriel, «Les maisons d'ancêtres: 6. La maison Plessis-Bélair», dans L'Éveil, 4 décembre 1999.