![]() |
|
Historique de l'immeuble
La terre sur laquelle est construite cette maison appartient, durant le dernier quart du XVIIIe siècle, à Pierre Paradis. Elle passe ensuite entre les mains de Jean-Baptiste Demoulin, qui a épousé Marie-Anne Paradis. C'est vers 1821 qu'elle est acquise par William Thompson.
William Thompson est né de parents écossais près de Morpeth, dans le comté de Northumberland, dans le Nord-Est de l'Angleterre. Arrivé au Canada au début des années 1800, il épouse une Canadienne française en 1813, Marie-Louise Dubois, à la paroisse Notre-Dame de Montréal. Le témoin de l'époux, lors du mariage, est Alexander Mackenzie, un des dirigeants de la Compagnie du Nord-Ouest. William pratique alors différents métiers, étant soit journalier, soit menuisier, selon les documents. Il s'installe à Saint-Eustache en 1815 où il avait acquis une terre au début de la côte du Lac, quelque temps auparavant. Il achète et échange ensuite d'autres terres dans la côte du Lac. Puis, en 1823, il passe un marché de construction avec le maçon Alexis Gosselin pour se faire construire une maison de pierre à l'extrémité nord de la terre 275, sur le chemin qui longe le sud de la rivière du Chêne. Il s'agit de la maison que l'on peut toujours admirer, en face du mont Saint-Eustache. Les documents nous montrent que la famille est, au début de son séjour à Saint-Eustache, assez à l'aise et emploie plusieurs domestiques. Au recensement de 1825, William Thompson et son épouse ont cinq enfants. La famille ne profite cependant pas de la maison de pierre pour très longtemps. Vers 1830, son épouse lui intente un procès pour obtenir une séparation. William est condamné et perd sa terre et la maison, puis retourne vivre à Montréal. Marie-Louise Dubois reste à Saint-Eustache et demeure dans la côte du Lac jusqu'à sa mort, sur un petit terrain qu'elle a conservé (aujourd'hui le 410, chemin d'Oka à Deux-Montagnes). À partir de cette date, on n'entendra plus parler de William Thompson à Saint-Eustache.
De nombreux propriétaires se succèdent ensuite sur le site, dont William McCulloch et Hartmann Hess, avant d'appartenir à plusieurs familles de spéculateurs de Saint-Eustache, les Globensky, les Féré et les Champagne. Au milieu du XXe siècle, une cimenterie est opérée sur le terrain attenant à la maison. La terre sur laquelle se trouvait la maison incluait le Mont Saint-Eustache, situé en face. Elle a été morcelée tout au long des années 1970 à 1990. Le parc du Mont-Saint-Eustache a été aménagé après 1983 à partir de la petite colline située face à la maison.
Anecdotes pour la petite histoire...
William Thompson aime bien s'amuser et mène une vie très agitée. Les documents du procès de 1831 intenté par son épouse sont révélateurs. Il est toujours ivre, la bat constamment devant ses enfants et accueille même dans la maison familiale des «femmes de mauvaise vie», au vu et au su de tout le monde! Au moins deux témoins au procès mentionnent qu'il est le père de plusieurs enfants illégitimes à Saint-Eustache. À l'issue du procès il est condamné, ses biens sont vendus, son épouse obtient la séparation – chose rare à l'époque – et elle obtient la somme d'argent nécessaire pour acquérir une petite maison dans la côte du Lac. Il s'agit là probablement du premier cas documenté de violence conjugale dans l'histoire de Saint-Eustache!
Références
- Vallières, Marc-Gabriel, «Les maisons d'ancêtres: 2. La maison Thompson», dans L'Éveil, 10 avril 1999. Accessible sur le web à l'adresse
http://mgvallieres.com/chronMaisons/19990410.php.- Vallières, Marc-Gabriel, «Une femme battue en 1830: Marie-Louise Dubois», dans La Feuille de chêne, octobre 2020, pages 35-37. Accessible sur le web à l'adresse
http://mgvallieres.com/chronDiverses/202010.php.